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Royaume-Uni: Keir Starmer, l’artisan du recentrage travailliste aux portes du pouvoir

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Il dirige le Labour depuis 2020 et a choisi de recentrer le programme et le discours du Parti travailliste britannique. Stratégie payante pour Keir Starmer qui devrait, sauf coup de théâtre, remporter les élections anticipées organisées au Royaume-Uni, le 4 juillet prochain.

Tous les instituts de sondages lui accordent une très large avance face aux conservateurs de Rishi Sunak, pour lesquels ces élections anticipées s’annoncent désastreuses. Une avance que Keir Starmer essaie à tout prix de conserver en restant d’une très grande prudence durant les derniers jours de campagne.

C’est la stratégie que la presse britannique décrit comme celle du « vase Ming » : porter un vase précieux sur un parquet ciré en essayant d’éviter tout faux pas... Avec ses cheveux poivre et sel, sa coiffure sage et son air quelque peu coincé, Keir Starmer est l’homme idéal pour jouer ce rôle de candidat sérieux bien qu’un peu falot. Peu charismatique, travailleur, et pas vraiment du genre à plaisanter, il est l’antithèse de Boris Johnson, l’ancien Premier ministre conservateur.

Cet ancien avocat de 61 ans, fan de football et père de deux enfants, est issu d’un milieu modeste, ce qui a forgé en partie son caractère et ses convictions. « Son père était un ouvrier qualifié, un homme très compétent, mais dans son village du Surrey, une région plutôt chic, je pense que les gens [le] méprisaient », raconte le journaliste britannique Tom Baldwin, auteur de Keir Starmer : the biography (non traduit). « Il travaillait dans une usine, et cette sorte de snobisme est quelque chose dont Keir Starmer a souffert, et qu’il porte encore aujourd'hui. Il est donc le premier dirigeant travailliste depuis très longtemps à parler de classe sociale et de mépris social. Il en fait une question de respect pour les travailleurs ordinaires et cela constitue une grande partie de son langage aujourd'hui. »

Après des études brillantes, Keir Starmer choisit de devenir avocat et se spécialise dans la défense des droits de l’homme, avant de devenir procureur général d’Angleterre et du Pays de Galles à la fin des années 2010.

En 2015, il se lance en politique et devient député pour le parti travailliste. Quatre ans plus tard, le Labour de Jeremy Corbin est sèchement battu dans les urnes : Keir Starmer prend la tête du parti et replace au centre de l’échiquier une formation qui semblait alors incapable de revenir aux affaires. « Il a d'abord écarté un certain nombre de proches de Jeremy Corbyn qui étaient encore dans les instances du parti, rappelle Pauline Schnapper, professeure à la Sorbonne Nouvelle et spécialiste du Royaume-Uni. Il a donc exclu Corbyn lui-même, et a recentré les éléments de politique qui étaient les plus impopulaires chez lui, notamment tous les sujets de politique étrangère sur lesquels Corbyn était clairement en dehors du consensus britannique général, que ce soit sur la Russie, sur les États-Unis, sur l'Ukraine. »

« Purge » chez les travaillistes

« Une purge » au sein du Parti travailliste qui permet également à Keir Starmer de lutter contre les accusations d’antisémitisme formulées à l’époque contre le Labour.

Le nouveau dirigeant travailliste complète ce recentrage par un volet économique, en renonçant notamment au programme de nationalisations défendu par Jeremy Corbyn.

À l’image du New Labour de Tony Blair dans les années 1990, le Parti travailliste façonné par Keir Starmer se veut « business friendly » et donc proche des entrepreneurs. « C'est un programme prudent pour deux principales raisons, décrypte Pauline Schnapper. Il y a une raison électorale qui consiste à ne pas faire peur aux électeurs et notamment à ceux qui avaient voté conservateur. Et comme c'est une tactique qui pour l'instant semble très bien marcher, il n'y a pas de raison de la modifier. Il y a aussi que la situation économique actuelle est tellement mauvaise que les travaillistes font attention de ne pas faire miroiter des dépenses inconsidérées. Les caisses sont vides et c'est la raison pour laquelle Keir Starmer insiste sur la nécessité de faire tout ce qu'il faut pour que la croissance reparte et que, du coup, les rentrées fiscales soient plus importantes. »

À l’approche des élections, Keir Starmer profite d'un contexte politique très favorable avec l'effondrement du Parti conservateur. Mais, aux yeux du journaliste Tom Baldwin, il a eu aussi le mérite de définir une stratégie et de s'y tenir. « Ce n’est pas une mince affaire de garder le cap sans se prendre les pieds dans le tapis, et c’est difficile d’être perçu comme quelqu’un de solide ! Ce n’est peut-être pas spectaculaire, mais c’est une vertu sous-estimée en politique. »

Keir Starmer l’a répété durant la campagne : il est candidat pour être Premier ministre et « pas directeur de cirque ». Message adressé à son aile gauche mais aussi aux électeurs du parti Tory… Sauf coup de théâtre, cette stratégie rassurante et prudente devrait conduire l’ancien avocat au 10 Downing Street et à la tête du premier gouvernement travailliste depuis 14 ans.

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Tous les instituts de sondages lui accordent une très large avance face aux conservateurs de Rishi Sunak, pour lesquels ces élections anticipées s’annoncent désastreuses. Une avance que Keir Starmer essaie à tout prix de conserver en restant d’une très grande prudence durant les derniers jours de campagne.

C’est la stratégie que la presse britannique décrit comme celle du « vase Ming » : porter un vase précieux sur un parquet ciré en essayant d’éviter tout faux pas... Avec ses cheveux poivre et sel, sa coiffure sage et son air quelque peu coincé, Keir Starmer est l’homme idéal pour jouer ce rôle de candidat sérieux bien qu’un peu falot. Peu charismatique, travailleur, et pas vraiment du genre à plaisanter, il est l’antithèse de Boris Johnson, l’ancien Premier ministre conservateur.

Cet ancien avocat de 61 ans, fan de football et père de deux enfants, est issu d’un milieu modeste, ce qui a forgé en partie son caractère et ses convictions. « Son père était un ouvrier qualifié, un homme très compétent, mais dans son village du Surrey, une région plutôt chic, je pense que les gens [le] méprisaient », raconte le journaliste britannique Tom Baldwin, auteur de Keir Starmer : the biography (non traduit). « Il travaillait dans une usine, et cette sorte de snobisme est quelque chose dont Keir Starmer a souffert, et qu’il porte encore aujourd'hui. Il est donc le premier dirigeant travailliste depuis très longtemps à parler de classe sociale et de mépris social. Il en fait une question de respect pour les travailleurs ordinaires et cela constitue une grande partie de son langage aujourd'hui. »

Après des études brillantes, Keir Starmer choisit de devenir avocat et se spécialise dans la défense des droits de l’homme, avant de devenir procureur général d’Angleterre et du Pays de Galles à la fin des années 2010.

En 2015, il se lance en politique et devient député pour le parti travailliste. Quatre ans plus tard, le Labour de Jeremy Corbin est sèchement battu dans les urnes : Keir Starmer prend la tête du parti et replace au centre de l’échiquier une formation qui semblait alors incapable de revenir aux affaires. « Il a d'abord écarté un certain nombre de proches de Jeremy Corbyn qui étaient encore dans les instances du parti, rappelle Pauline Schnapper, professeure à la Sorbonne Nouvelle et spécialiste du Royaume-Uni. Il a donc exclu Corbyn lui-même, et a recentré les éléments de politique qui étaient les plus impopulaires chez lui, notamment tous les sujets de politique étrangère sur lesquels Corbyn était clairement en dehors du consensus britannique général, que ce soit sur la Russie, sur les États-Unis, sur l'Ukraine. »

« Purge » chez les travaillistes

« Une purge » au sein du Parti travailliste qui permet également à Keir Starmer de lutter contre les accusations d’antisémitisme formulées à l’époque contre le Labour.

Le nouveau dirigeant travailliste complète ce recentrage par un volet économique, en renonçant notamment au programme de nationalisations défendu par Jeremy Corbyn.

À l’image du New Labour de Tony Blair dans les années 1990, le Parti travailliste façonné par Keir Starmer se veut « business friendly » et donc proche des entrepreneurs. « C'est un programme prudent pour deux principales raisons, décrypte Pauline Schnapper. Il y a une raison électorale qui consiste à ne pas faire peur aux électeurs et notamment à ceux qui avaient voté conservateur. Et comme c'est une tactique qui pour l'instant semble très bien marcher, il n'y a pas de raison de la modifier. Il y a aussi que la situation économique actuelle est tellement mauvaise que les travaillistes font attention de ne pas faire miroiter des dépenses inconsidérées. Les caisses sont vides et c'est la raison pour laquelle Keir Starmer insiste sur la nécessité de faire tout ce qu'il faut pour que la croissance reparte et que, du coup, les rentrées fiscales soient plus importantes. »

À l’approche des élections, Keir Starmer profite d'un contexte politique très favorable avec l'effondrement du Parti conservateur. Mais, aux yeux du journaliste Tom Baldwin, il a eu aussi le mérite de définir une stratégie et de s'y tenir. « Ce n’est pas une mince affaire de garder le cap sans se prendre les pieds dans le tapis, et c’est difficile d’être perçu comme quelqu’un de solide ! Ce n’est peut-être pas spectaculaire, mais c’est une vertu sous-estimée en politique. »

Keir Starmer l’a répété durant la campagne : il est candidat pour être Premier ministre et « pas directeur de cirque ». Message adressé à son aile gauche mais aussi aux électeurs du parti Tory… Sauf coup de théâtre, cette stratégie rassurante et prudente devrait conduire l’ancien avocat au 10 Downing Street et à la tête du premier gouvernement travailliste depuis 14 ans.

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